Comme un vide
Je suis resté à la mer avec Maman.
Je confie la gestion de ce blog à Papa pour quelques jours.
Merci, mon fils pour ce passage de relais.
Merci pour ces jours merveilleux que nous avons passés ensemble, vraiment ensemble.
Je viens de traverser la moitié de la France avec cette dernière image dans la tête.
Lorsqu'au matin tu t'éveilles, tu t'appuies aux parois molles du lit en toile des vacances, et ton regard cherche la bonne tête de Papa pour te sortir de là.
Lorsque tu te mets en position sur le bord du lit ou du canapé et que tu laisses glisser tes petites jambes jusqu’au sol qui parfois paraît si loin, tu relèves alors la tête pour chercher la fierté dans les yeux de Papa.
Lorsque tu t’agrippes -en la secouant de toute ton énergie- à la petite grille qui sert d’enclos au bébé chien qui anime la maison des vacances de ses petits jappements, il vient te mordiller alternativement les doigts de chaque main, t’obligeant à les retirer pour les reposer plus loin, et c’est aux oreilles de Papa que partent directement tes éclats de rire.
Lorsque, tel un bébé tortue tout juste sorti de l’œuf, tu te précipites à quatre pattes vers la mer, bravant les trois premières vaguelettes, tu finis par tendre une main vers celle de Papa qui t’arrachera à la quatrième, dont tu sais par expérience qu’elle peut te chatouiller le nez.
Lorsque, assis auprès de dizaines d’inconnus, comme eux ta tête monte et descend pour suivre le diabolo du jongleur de rue, ton visage s’illumine de ses quatre dents, puis s’étonne des bravos de la foule. Papa fait-il aussi bravo ?
Lorsqu’on t’assoit sur le rebord de la piscine, tu hésites avant de te jeter, en souriant mais les yeux écarquillés d’une frayeur que tu adores, vers les bras de Papa.
Demain matin les bras, les mains, le regard de papa ne seront pas là. Peut-être seras-tu triste, alors. Autant que moi ? Oh, pauvre de toi !
Tu me manques déjà.
Prends soin de ta Maman et de ta petite sœur qui t’observe au travers du nombril de Maman.
Je laisse tomber une larme depuis chaque œil sur mon clavier. Une sur le J, une sur le M. Tomberont-elles avec assez de force pour que tu comprennes mon message ?
Papa.